La pointe du grouin
L’autre jour, j’avais regardé à la télé, un documentaire sur les phacochères.
Je ne sais pas pourquoi, le fait d’avoir entendu le mot « phacochère » répété de nombreuses fois m’a donné envie de trouver des rimes à ce mot bizarre.
Cela donna ceci :
Quelque part dans le Loir et Cher
Blotti sous une porte cochère
Et qui tremblait dans toute sa chair
Observait un rabbin cascher
Se faire doucher par un karscher
Qu’il avait acheté pas cher.
Peuchère !
L’esprit torturé par ces rimes débiles, je me suis endormi profondément.
Le matin, je fus réveillé en sursaut par un « commando » de la S.P.A.qui faisait un bruit terrible devant ma porte.
Après avoir ouvert, je fus très surpris de voir un phacochère à leurs côtés.
Ils me crièrent que c’était honteux d’abandonner un animal sous une porte cochère et que si je ne l’hébergeais pas immédiatement je risquais une lourde amende.
Je crus rêver mais les membres de la S.P.A. avaient disparu et l’animal fonçait vers ma cuisine.
J’ai essayé de le calmer en lui donnant quelques biscuits mais le phacochère retournait tout sur son passage.
J’appelai mes voisins à la rescousse mais aucun d’entre eux ne vit d’animal chez moi !
J’avais beau le leur montrer, j’étais seul à voir ce phacochère.
Tous pensaient que j’avais des hallucinations (d’habitude ce sont des éléphants !).
Un ami me dit que (comme pour le démon) je devais être « possédé du phacochère » et me conseilla d’appeler un prêtre pour l’exorciser.
Je fis venir un prêtre de Stuttgart, un certain Esser.
En arrivant, il me raconta que son père avait été pâtre et qu’il avait hérité de son savoir-faire avec les animaux.
Je décidai donc de confier mon destin à ce fils de berger allemand.
L’abbé Esser me précisa cependant qu’il me débarrasserait du phacochère contre monnaie « sonnante et trébuchante ».
Trébuchante…j’ironisais en citant l’abbé Canne ou l’abbé Quille…
Mais Esser manquait visiblement d’humour et il m’envoya promptement chercher de l’argent à l’abbé BL (banque de mon quartier).
Pour le faire patienter, je lui proposai de regarder sur AB3 un reportage consacré à un prêtre écolo, un véritable père vert.
Je ne devais pas être bien réveillé car au lieu d’aller au « Mister Cash » je me suis retrouvé à la caisse du « Central Cash ».
Et là, non seulement ils ne voulaient pas me donner de l’argent mais ils m’en réclamaient !
Je partis en courant en renversant dans ma précipitation trois Ivoiriens aveugles qui cherchaient le chemin de Beveren.
En les relevant, je m’excusai en disant que je ne voulais pas broyer du noir mais que je ne les avais pas vus.
Avec une pointe d’humour (noir) ils me répondirent qu’eux non plus ne m’avaient pas vu.
Dans ma course folle, j’ai aussi croisé une troupe de scouts qui chantaient un hymne à la gloire de l’abbé Nono (mélodie en la bémol ?).
Coïncidence, j’avais entendu cette chanson la veille en regardant l’abbé BC.
Fatigué, je décidai alors de rentrer chez mois mais ce fut l’abbé Résina !
Esser était tellement désespéré qu’il avait fait venir un rabbin pour lui prêter main forte.
A l’aide d’un karscher, ils essayaient d’éloigner le phacochère de mon potager.
En voyant la scène, je ne pus m’empêcher d’éclater de rire.
Vexés, les deux religieux dirigèrent alors la lance du karscher dans ma direction.
C’est à ce moment que je me suis réveillé…
L’abbé Thyse